- Ajoutée le Mercredi 17 Juillet 2019
Le public du Festival international d'Hammamet a eu, hier, un troisième rendez-vous avec le quatrième art, par le biais d’une pièce écrite et mise en scène par Houcine Mahnouch.
La pièce porte sur l’histoire d'un roi qui ne peut plus répondre aux besoins de son sérail et fait appel aux mages du palais afin qu’ils transforment tout ce qui entoure le Royaume en or pur.
Pendant ce temps, le roi promulgue des ordres injustes au peuple pour collecter plus d’impôts par le biais de la force et d’une oppression sans limites, paupérisant davantage ses sujets, ce qui alimente la grogne des campagnards et provoque chez-eux la résistance les poussant ainsi à explorer d'autres voies à même de les arracher à la pauvreté et à la faim.
La pièce, à travers l’enchainement rapide des événements, incite le spectateur à réfléchir sur deux questions, à savoir subir son destin et s’armer de la patience et compter sur soi jusqu'à dépasser la crise, ou bien se jeter dans le sillage des illusions et combattre la pauvreté par le recours à la superstition.
Entre l'avidité du roi et l’arnaque des sorciers et les aspirations des jeunes et des bons citoyens, les scènes de la pièce sont entrecoupées de tableaux de danse et de fresques expressives accompagnées de la voix off du narrateur, qui transmet l’appel à la sagesse et au calme à un moment où les valeurs du travail et de la diligence ont été perdues et remplacées par les prédications des charlatans et des enchanteurs, tels que les mages. Dans une conférence de presse tenue à l’issue de la représentation, Houcine Mahnouch a déclaré que la pièce était inspirée de la réalité vécue et qu'il s'agit d'un message explicite aux jeunes pour qu'ils comptent sur eux-mêmes, quelles que soient leurs difficultés ou leurs problèmes.
En effet, cette pièce invite à l'autonomie à une époque où la logique du pouvoir des puissants domine le monde et en faisait une forêt où la loi du plus fort prime sur celle du mérite et de l’effort.
Avec le recours aux codes patrimoniaux, la pièce d’époque est transposée dans le présent grâce à la chorégraphie, les rythmes musicaux et la danse, qui soutiennent la parole et donner plus de consistance à la profondeur des dialogues.
Cette remise à plat du problème des jeunes pose un nouveau regard sur la question du chômage qui n’est pas une fatalité. La technique de mise en scène, façon Brecht, donne à cette conception aristotélicienne un développement nouveau : le déroulé de la pièce est plus logique que chronologique. La fable du Roi et des mages, est bien autre chose qu’un simple récit mais plutôt forme une trame de départ qui transforme l’histoire en actes qui se traduisent par la découverte pour aboutir à l’imposition d’un sens.