La pièce de théâtre « Violence » de Fadhel Jaibi et Jalila Baccar a été donnée hier en représentation au théâtre de plein air de Hammamet dans le cadre de la programmation in-door de la 52 è édition du FIH.

Dans Violence(s) Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar vont plus loin encore dans la noirceur et sondent la « bête immonde » chez l’homme. À partir d’une phrase célèbre d’Albert Camus, « Un homme, ça s’empêche », huit comédiens ( Jalila Baccar, Fatma Saïdan, Noomen Hamda, Lobna Mlika, Aymen Mejri, Nesrine Mouelhi, Ahmed Taha Hamrouni, et Mouin Moumnise) livrent à une succession d’horreurs. De crimes sanglants aux motifs jamais élucidés. Libre à chacun d’y voir ou non un lien avec la société tunisienne actuelle qui vit une dépression dont le théâtre rend largement compte.

Sommes-nous dans un asile, dans une prison, dans la rue ou sur scène ? La violence accompagne le déroulé de la pièce du début jusqu’à la fin. Elle est verbale, physique, artistique. En tenue de tous les jours, les comédiens incarnent avec force la « bête immonde » qui gît dans l’homme, et le fait parfois basculer dans l’ignoble. Pour corser l’atmosphère de tension, une musique de suspens et d’horreur est jouée en live par Kaïs Rostom.

La spécificité de la pièce est dans ce lieu d’interaction esthétique et sociale qui explore le danger du jeu lui-même à travers le principe d’une comparution dans le cadre d’un événement présent. Autrement dit, le théâtre, face à la violence, à l’agressivité, produit systématiquement un processus de comparution de tous devant tous, donc un art profondément social destiné à produire, ensemble, des jugements multiples qui mettent à nu, dans le lieu théâtral, le quotidien, la mémoire et l’avenir, la nécessité du lien social et celle de le perturber ; ou de le questionner. Une manière de dire le malaise tunisien dans un onirisme étrangement proche du réel.

Le public a apprécié la pièce jouée avec sous-titrage en français et a longuement applaudi à la fin de la représentation.